Trois petits tours et puis s'en vont ! [PV avec Lileana]

Les vacances avaient sonné depuis près d'un long mois déjà et Maïlis n'était pas revenue sur Londres depuis qu'elle avait quitté Poudlard. Elle avait passé tout le mois de Juillet en vadrouille avec ses parents et ce n'était pas pour lui déplaire. De retour à Varna, en Bulgarie, dans le manoir familial, la petite famille s'était scindée en deux après une semaine de retrouvailles joyeuses.

Son père était parti à Oslo, en Norvège, pour régler quelques détails d'un projet qu’il menait avec le Ministère de la Magie Bulgare et ce pays scandinave et sa mère et elle descendirent en Italie pour rendre visite à sa marraine Alexia. Elles restèrent là-bas pendant deux longues semaines qui passèrent, selon les dires de Maïlis, « trop vite ».

Si Louna, la fille aînée de sa tatie, n'était pas souvent à la maison, Maïlis avait pu trouver en Sélune une amie et une confidente. Elle ne manqua pas de lui raconter sa rencontre avec le Poufsouffle, qui avait fait chavirer son cœur, et les deux compères passèrent plus part de leurs vacances à imaginer la rentrer, à pouffer de rire tout en mangeant des macarons et à se faire des films romantiques.

La troisième semaine de juillet, le père de Maïlis vint rejoindre sa femme et sa fille en Italie, avant que tous les trois ne repartent en vacances en Grèce. Visites touristiques des monuments et lieux importants du Péloponnèse, rencontrent avec des sorciers du coin, souvenirs en pagaille, Maïlis avait adoré le séjour même si elle trouvait le climat trop chaud. Elle avait bien évidemment écrit à son amie Justine, à quelques autres camarades de Poudlard et regrettait amèrement de ne pouvoir envoyer une carte à son preux chevalier.

L'enfant avait laissé sa couleur de porcelaine pour une peau dorée qui tranchait radicalement avec ces perles bleues qui lui servaient d'iris. Début août, c'est toute bronzée donc qu'elle arriva chez sa grand-mère et son grand-père… Mamie Kate et Papi Lexis ! Ses grands parents s'impatientaient de voir leur petite fille et c'est donc l’esprit serein, que ses parents la laissèrent chez eux pour une semaine, le temps que les tourtereaux se prennent un peu de temps pour eux, en amoureux.

Les activités ne manquaient pas dans la grande demeure familiale des Redflield mais il arrivait que Maïlis demande à sortir en ville. Généralement, c’était son oncle Glifford qui se chargeait de cela. Aujourd’hui, il était d’ailleurs passé la chercher pour l'emmener au Chemin de Traverse afin qu'elle puisse faire quelques emplettes. Maïlis ne manquait de rien mais c'était toujours un plaisir de faire du shopping avec son tonton, qui la pourrissait un peu trop d'après sa grand-mère. Alors qu'il lui donna l'autorisation de se rendre à l'une des boutiques de magie celtique seule, Glifford, lui marchandait un vieux tapi magique « collector » avec un vendeur de la rue. Maïlis entra dans la boutique et regarda les diverses étagères qui débordaient d'objets en tout genre, de fioles et de parchemins venant d'Ireland et de Bretagne.

Elle marchait sans vraiment faire attention à ce qui l'entourait et finit par bousculer quelqu'un.

- Désolé ! S'exclama-t-elle alors en se retournant vivement.

Elle observa la femme qui se trouvait devant elle. De petite taille, les cheveux longs et noirs, elle avait de magnifiques yeux violets. Maïlis réalisa alors qu'on pouvait être petite et drôlement jolie, ce qui l'a fit sourire. Pourtant, en fixant cette femme, semblant venir d'ailleurs, elle eut un vague sentiment de « déjà vu » mais où aurait-elle pu croiser une personne avec des yeux si atypiques, sans s'en souvenir ?

La jeune femme avait un peu de temps libre dans l'après-midi ce jour là. L'été, le ministèe tournait au ralenti et elle avait en tête d'acheter un cadeau pour le dîner, le soir même, qu'elle devait partager avec son ancien camarade. Elle s'était rendue à pied au chemin de traverse depuis le ministère, le temps était relativement clément et la température supportable. Elle aimait bien évoluer dans le monde moldu, elle ne passait pas inaperçue et cela l'amusait. Il était vrai que son ascendance était marquée sur son visage, ses traits n'étant pas entièrement humains mais les différences étaient trop subtiles pour l'obliger à se dissimuler, une fleur que le ministère lui avait accordée.

Elle était naturellement entrée par la porte du chadron baveur et avait déambulé le long des étals colorés. Son regard s'était alors posé sur une boutique celtique, l'idée du cadeau était toute trouvée, elle aurait pu y penser plus tôt.
L'atmosphère qui reignait en ce lieu était reposante, la semi-obscurité qui planait dans les rayons contrastait vivement avec le soleil flamboyant de l'exérieur et Lileana accueillit cette accalmie avec plaisir. Elle décida alors de s'attarder dans cette échoppe et d'aprofondir son exploration des rayons.

Un petit stock de boules de verre sphériques qui ressemblaient à des rapeltouts attira son attention au plus bas d'une étagère en vieux pin. Leur aspect l'avait intriguée, elle s'accroupit et en tendant la main vers ce tas cristallin l'une d'entre elle s'était emplie d'une fumée, non pas rouge comme un rapeltout, mais multicolore et en constante évolution. Un sourire enfantin illumina son visage. Elle attrappa la boule de cristal et se releva lentement, n'ayant pas remarqué la petite fille qui s'approchait, tête en l'air, dans son dos. Cette dernière la heurta et la jeune femme lâcha la boule qui alla heurter le sol. Par chance elle ne tomba pas suffisamment de haut pour se fracasser mais sa forme fit qu'elle alla rouler sous l'étagère. Surprise, Lileana eut un petit sursaut et lassa échapper un murmure :

"Oh ! non.."

Elle entendit une jeune voix féminine s'excuser dans son dos. Elle finit alors de se relver et se tourna vers la jeune fille. Lileana regarda alors autour d'elle et remarqua qu'il n'y avait personne d'autre dans la boutique. Elle était plus petite qu'elle, ce qui lui en fit déduire qu'il devait s'agir d'une enfant, mais suffisamment âgée pour être déjà élève à Poudlard, au vu de son maintien et surtout du fait qu'aucun adulte n'accompagnait la demoiselle. Elle recouvrit alors son sourire et pencha légèrement la tête, faisant glisser ses cheveux.

"Il n'y a pas de mal !"

Puis, lui montrant son index gauche, elle ajouta :

"Deux secondes, je dois récupérer la petite fugueuse"

Elle se mit alors sur ses genoux et se pencha pour scruter le plancher sous l'étagère. Il faisait bien trop noir pour remarquer quoique ce soit.

Elle se retourna alors vers la jeune fille

"Tu ne voudrais pas m'éclairer un peu ? Je n'y vois rien"

Maïlis semblait subjuguée par la femme qui se trouvait en face d'elle et elle se sentit très confuse de l'avoir bousculée. Ses yeux se posèrent sur le sol quand elle vit son interlocutrice s'accroupir pour chercher, elle ne savait quoi, sous l'étagère de bois.

- Oh laissez !

S'exclama-t-elle alors.

- Je vais retrouver votre objet !

La jeune fille s'accroupit également et sortit sa baguette de son sac. Elle pointa l'objet en bois d'aubépine en direction des abysses poussiéreux et dit d'une voix claire et posée.

- Lumos !

L'extrémité de la baguette s'illumina alors et une horde d'insectes en tout genre prirent la fuite dans dédale de saletés qui jonchaient le sol. Maïlis inclina la tête et sa joue toucha presque le sol glacé de la boutique. Elle cherchait des yeux l'objet qui était tombé des mains de la jeune femme. Et pour dire vrai, tout objet, autre que de la poussière et des papiers, serait certainement le bon. C'est là, qu'elle repéra une sphère coincée entre le pied central de l'étagère et le mur.

- Je vois votre objet… C'est une sphère...

Elle tenta dans un premier temps de tendre sa petite main vers le dit objet mais elle avait le bras trop court et fit une moue exaspérée. Puis, elle tendit sa baguette vers la boule de verre et s'apprêta à formuler son sortilège d'attraction.

- Ac…

Mais elle s'interrompit aussi sec et releva les yeux vers la jeune femme. Son visage, ainsi tourné, laissait étrangement place aux ressemblances avec sa mère.

- Mince... Je crois que je n'ai pas le droit d'utiliser un sortilège d'attraction hors de l'école… le lumos est toléré mais celui-ci… je ne pense pas.

Elle se redressa et éclaira donc la zone où elle avait repéré la petite boule. Sa mère lui avait toujours dit d'utiliser des sortilèges qu'en présence d'un adulte et de préférence un membre de la famille proche.

- Je suis désolée… mais vous pouvez la rattraper ? Elle est juste là, à la pointe de ma baguette.

Maïlis semblait déçue, elle aurait vraiment aimé lancer un accio, surtout qu'elle le maîtrisait parfaitement maintenant. « Ce règlement est vraiment nul… » Pensa-t-elle.

L'empressement avec lequel la jeune fille voulu l'aider à retrouver la boule de cristal fit plaisir à Lileana et elle sourit d'autant plus. *C'est tellement rare de trouver des personnes serviables de nos jours, cette enfant a du recevoir une très bonne éducation*. Elle la laissa faire alors.

En découvrant la poussière et les fuyards, elle fronça les sourcils, ce n'était peut-être pas très bon pour la santé de la fillette de respirer cet air vicié. Elle remarqua égaleent que la lueur au bout de la baguette ne vacillait pas et qu'elle éclairait plutôt bien, preuve que ce sort n'avait plus de secret pour elle, elle devait au moins être en deuxième année. Elle imita l'enfant et colla elle aussi la joue au sol pour apercevoir l'objet de cristal, elle avait roulé contre le mur, hors de portée des deux filles. Lileana se rendit alors compte combien l'étagère était profonde.

"Oui, c'est ça une sphère en cristal"

Elles parlaient bien de la même chose, c'était bon signe. La jeune fille allait lancer un accio avant de se raviser. Lileana aurait pu lancer ces sorts dès le départ.. le problème était tout simplement qu'elle ne se servait plus de sa baguette, cette magie la était partie depuis quelques années.. avec son réveil à l'hôpital.
En entendant la jeune fille lui dire qu'elle n'avait probablement pas le droit de lancer ce sort, elle sourit et lui assura avec un clin d'oeil :

"Oh.. ne t'inquiète pas.. tu es dans un endroit sorcier, tu ne crains rien.. et puis à quoi cela servirait d'apprendre des sorts si on ne peut même pas les utiliser lorsqu'on en a besoin !"

Comme pour la rassurer, elle ajouta un ton plus bas, en confidence :

"Il faut dire aussi que je travaille au ministère.. donc, tu peux y aller, aucun blâme ne te parviendra"

Quand bien même la fillette n'avait pas le droit d'utiliser de sortilège, Lileana connaissait suffisamment de monde au département de régulation de l'utilisation frauduleuse de la magie par les sorciers de premiers cycle pour passer l'éponge.

Pour répondre à sa question, elle dut reconnaître ne pas pouvoir attraper la sphère non plus.

"Je ne suis pas tellement plus grande que toi, alors mon bras ne peut pas atteindre cet objet non plus"

Elle se redressa, sur les genoux, se tapota la joue et observa son interlocutrice. Elle était ravissante. Quelques une des ses expressions lui semblaient familières, comme si elle connaissait les parents de l'enfant. Sans doute d'anciens camarades de Poudlard. Elle les avaient bien croisés au moins une fois, l'école n'étant pas si grande que ça.

Maïlis haussa les sourcils devant la réponse de la jeune femme. En effet, elle n'était guère plus grande qu'elle mais… elle pouvait aisément utiliser sa baguette pour attirer le fameux objet à elle. Pourquoi ne souhaitait-elle pas user de la magie dans ce lieu public ? Etait-elle une cracmol ? Ce serait surprenant si elle travaillait effectivement au Ministère de la Magie.

La jeune fille resta dubitative et se conforta dans l'idée que cette jeune femme était peut-être tout simplement médiocre en sortilège ou alors… peut-être avait-elle oublié ou perdu sa baguette, ce qui expliquerait son intérêt pour cet objet qui ressemblait fortement à un Rapeltout.

Maïlis inspira fortement et tendit alors sa baguette vers la sphère, après tout, le vendeur n'était pas loin et avait sûrement entendu la conversation. Il pourrait plaider sa cause si le Ministère tombait en force sur sa petite personne à la sortie du magasin. Elle avait quand même tendance à toujours se faire des films romanesques quand elle se mettait dans une situation délicate.

Elle balaya du regard les étagères et repéra une boite remplie de ces sphères. Une petite étiquette indiquait le prix et le nom. Maïlis pointa alors sa baguette sous l'étagère et s'exclama d'une voix limpide.

« Accio Memorentum ! »

En moins de temps qu'il n'eut fallu pour le dire, la boule se dénicha de son mur poussiéreux pour finir dans les mains de l'enfant. Elle se releva alors, secouant sa tenue de ville quelque peu souillée par la mésaventure et tendit l'objet d'une main sure à la jeune femme.

« Tenez »

Ajouta-t-elle alors avant de lancer un coup d'œil discret en direction de la porte d'entrée. Elle reconnut alors la haute stature de son oncle devant la boutique, ce dernier s'apprêtait certainement à venir la rejoindre mais pour le moment, il conversait en lui faisant dos, avec un vendeur à la sauvette.

Reportant son attention sur la femme qu'elle avait bousculée, Maïlis s'excusa à nouveau de son inattention.

« Et je vous pris de bien vouloir me pardonner… »

Le haussement de sourcils de la jeune demoiselle n'échappa pas à Lileana. Elle se douta qu'elle puisse s'interroger sur le fait d'être exhortée à utiliser sa baguette alors qu'elle - même pouvait le faire.. ou plutôt autrefois, elle aurait pu.. Lileana ne prenait même plus sa baguette avec elle lors de ses déplacements, à quoi lui aurait-elle servie ? Elle refusait de lui répondre ainsi que toutes les autres baguettes qu'elle avait pu essayer.. peut-être était-elle devenue une cracmole après tout.. même si elle était loin d'être dépourvue de magie. Elle se refusa à penser à ce côté là d'elle-même, trop de question restaient sans réponse et elle n'avait pu se confier à personne pour l'aider.. Comment accepter l'idée d'être amputée d'une partie de soi-même sans pouvoir comprendre ? Et pire, comment partager une telle chose ? Elle la laissa lancer son sortilège avec un regard bienveillant. Elle avait l'air concentrée et exécuta la manoeuvre sans aucun problème.

Elle regarda l'objet dans la main de la jeune Pourlardienne en souriant. En effet, cela ressemblait à un rapeltout. Dans les mains de la jeune fille, la sphère restait vide, sans réaction, ce qui était somme toute normale, car tout comme une baguette, cet objet particulier s'imprégnait de son possesseur. Le gérant du magasin vendait ces babioles sous le noms de "Momerentum", plutôt intéressant.
Elle récupéra l'objet.

"Merci beaucoup jeune fille"

Elle fut légèrement surprise en l'entendant s'excuser à nouveau

"Il n'y a rien à pardonner. C'est plutôt à moi de m'excuser de t'avoir demandé de récupérer ça pour moi"

Elle jeta un coup d'oeil circulaire

"Mais tu es toute seule ? Ce n'est pas très prudent"

Maïlis pivota légèrement le buste et lança un regard vers la porte d’entrée. Elle vit son oncle s’approcher de la boutique celtique avec quelques achats en main.

« Non… Je suis venue ici avec mon oncle. » Répondit-elle en souriant.

A ce moment précis, la porte s’ouvrit et le carillon résonna dans la boutique. Un homme d’une haute stature s’introduit dans la vaste pièce surchargée d’étagères et de babioles en tout genre.

Il avait une quarantaine d’années bien tassées et était grand et fin. Il avait un visage anguleux, très anglais, des yeux d’un bleu limpide, comme ceux de la jeune fille, et des cheveux blonds. Son visage avait toutes les chances d’attirer l’attention de Lileana car en effet, il ressemblait de manière plus que troublante, mais avec une vingtaine d’année en plus, à un jeune homme qu’elle avait connu par le passé.

« Tonton ! » s’exclama la jeune fille.

L’homme vint à ses côtés et fixa sans ciller la femme qui se tenait devant lui. Son regard était froid et il posa une main sur l’épaule de sa « filleule ».

« Miss Kennit… quelle surprise de vous voir ici… »

Il ne s’était vu qu’une seule fois, un court instant, il y a près de 15 ans… Il était venu régler diverses démarches administratives lorsque Christopher, son fils, avait été transféré à Sainte Mangouste dans un état critique. La jeune fille, à l’époque, se tenait prostrée dans une alcôve de la Grande Entrée de Poudlard. Elle l’avait suivi du regard, s’était ensuite cachée et il ne l’avait jamais revu.

Si aucune explication n’avait été apportée quand aux causes de l’incident dont avait été victime son fils et si aucun témoin n’avait parlé à l’époque, aujourd’hui, quelques vérités avaient éclos dans la famille Redfield et Hargreaves et même si aucune démarche n’avait été entreprise pour punir les responsables, les noms étaient connus de quelques uns.

« Je ne pense pas que les parents de cette enfant seraient enchantés d’apprendre que vous vous êtes croisés et encore moins que vous ayez échangé quelques paroles ensemble. » Lança-t-il alors d’une voix froide.

Maïlis releva la tête vers son oncle en fronçant les sourcils, son regard était interrogateur, de quoi voulait-il parler ? Elle tourna les yeux vers la jeune femme et la regarda avec intensité et incompréhension. L’ambiance semblait soudainement très lourde, il y avait comme de l’électricité dans l’air et la jeune fille se rapprocha de son oncle avec méfiance.

« De quoi veux-tu parler tonton… » Demanda-t-elle à mi-voix « Qui est-ce ? »

Son oncle baissa le regard vers elle, il avait maintenant un air protecteur et chaleureux mais restait grave.

« Une vieille connaissance de ton papa… » Il releva les yeux vers Lileana et ajouta « Une vieille connaissance de Christopher ».

Peu de gens savaient à Londres ce qu’était devenu l’unique fils Hargreaves. Après l’incident, les longs mois d’hospitalisation, il avait été transféré dans un état peu concluant à l’étranger et depuis, il n’avait fait parlé de lui qu’à travers son travail et n’avait repris que peu de contacts avec ses anciens camarades. Sa vie était ailleurs, avec une autre, avec sa famille et loin des tourments du passé.

Maïlis semblait intriguée et elle émit un petit « Ah... » de curiosité. Elle avait reporté son attention sur la jeune femme qu'elle venait de rencontrer et d'aider et ses yeux se posèrent sur le Momerentum qui changeait à présent de couleur de manière étrange...

Elle suivit le regard de la jeune demoiselle lorsqu'elle mentionna son oncle. La porte s'ouvrit sur un homme plutôt grand. En posant les yeux sur son visage, Lileana crut voir apparaître un fantôme du passé, elle scruta les traits, tellement similaires en blémissant.. Seuls les yeux étaient différents, ils étaient bleus au lieu de l'or en fusion de ses souvenirs. En l'observant plus attentivement, elle se rendit compte qu'il ne s'agissait pas de la même peronne, elle était trop âgée pour qu'il s'agisse de LUI, mais la ressemblance était telle qu'il ne pouvait s'agir que d'un membre de la même famille, un parent proche qui plus est.

Lileana était toute blanche, son teint aurait rendu jaloux n'importe quel fantôme de Poudard. La sphère qu'elle tenait dans les mains avait pris une couleur de cendre. L'exclamation de la jeune fille la fit redescendre sur terre. C'est lui son oncle ? Elle serait donc également de la même famille ? Le monde était bien petit. Elle observa l'homme se rapprocher d'elles, son regard froid la cloua sur place et le peu de sang qui colorait encore ses joue reflua. Seul ses iris violets et sa bouche rosée restaient colorés. Lorsqu'il s'adressa à elle, un frisson désagréable lui parcourut l'échine et elle eut du mal à avaler sa salive. Tout lui revenait en mémoire.. cette nuit attroce où elle avait lancé un sortilège impardonnable, l'autre.. Lileana avait tout fait pourqu'il n'aboutisse pas mais cela n'avait pas suffit, IL s'était écroulé en apparence mort, ou plutôt plongé dans un coma profond. Elle avait pu le tirer de la salle tant bien que mal, l'abandonnant dans le grand hall.. oui, elle avait déjà vu cet homme. C'était lui qui était venu récupérer SON corps. La ressemblance entre les deux hommes était telle qu'elle avait supposé qu'il devait être son père. Elle ne lui avait jamais parlé, personne n'était jamais venu lui demander des explications. Cela faisait 15 ans. Elle pensait avoir tourné la page, mais le passé rattrape toujours ceux qui veulent s'en détourner.

La suite son intervention lui permit de déduire deux choses : d'une part il savait qu'elle était responsable de ce qui LUI était arrivé, d'autre part IL était directement connecté à cette enfant.
En entendant SON prénom prononcé, elle fit un pas en arrière comme si on lui avait administré un coup. Elle porta inconsciemment la main à son coeur qui venait de s'emballer, ses yeux s'agrandirent alors. Trop d'informations en même temps. Il était vivant, finalement elle avait réussi à ne pas le tuer. Malfré elle une vague de soulagement la submergea et ses traits s'apaisèrent, retrouvant leur juvénilité, comme si elle était retournée 15 ans auparavant avant que tout cela ne commence. Elle avait tout à coup un visage enfantin, proche de celui de la jeune demoiselle qui s'interrogeait sur la relation qu'avait sont père et elle. Il avait survécu, s'était réveillé, avait pu recommencer à vivre et était père. Elle s'était quant à elle interdit toute perspective d'avenir ou de joie, elle ne s'en sentait pas le droit.

Elle regarda l'enfant, comment avait-elle pu ne pas faire le rapprochement, ils se ressemblaient, le même nez, la forme des yeux, cette grâce féline dans ses mouvements. Comment aurait-elle pu faire le rapprochement ? Elle LE croait mort. Encore maintenant, elle ne pouvait LE matérialiser en pensée. Elle chercha alors les traits de Ann, son ancienne amie dont elle avait perdu la trace, chez la petite sorcière mais ne les trouva pas; c'était l'enfant d'une autre. Cette chevelure noire devait être la sienne. Elle eut un sourire serein à son encontre avant de répondre d'une voix douce et contrite

"Ton oncle a raison, ton père ne voudrait certainement pas que tu me cotoies"

Un souvenir lui revint en mémoire au moment où elle prononçait "oncle", une découverte qu'elle avait faite dans la bibliothèque de Poudlard alors qu'elle recherchait la signification de la coloration de ses iris. Elle regarda alors l'homme bien bâti en face d'elle et une lueur passa dans son regard, elle venait de faire le rapprochement. Elle l'avait pris pour SON père alors qu'aujourd'hui SA fille l'avait appelé "tonton", elle ne devait pas s'être trompée à l'époque.

Dans sa main, l'objet de cristal ne cessait de changer de couleur, tantôt gris orage, on aurait pu y voir quelques éclairs, tantôt noir profond de mélancolie teinté de rose espoir pour finir d'un vert incertain.

Elle était perdue dans ses pensées.. IL était vivant.. qu'était-IL devenu ? Elle LE considérait comme son frère et avait failli le tuer. Y avait-il une trahison plus grande ? Sans même la connaître, elle espérait que cette enfant ne sache jamais la vérité.

Maïlis semblait dubitative. Elle regardait alternativement son oncle et la jeune femme sans vraiment comprendre le sens de leur conversation. Pourquoi ses parents n’auraient-ils pas voulu qu’elle rencontre Mlle Kennit ? Pourquoi SES parents alors qu’elle semblait n’être qu’une « vieille » connaissance de son père.

Elle hésita à reprendre la parole mais un lot de questions lui venait à l’esprit et elle tira un peu sur la manche de son oncle.

« Maman aussi la connaît ? »

Son oncle la fixa un instant sans rien dire puis regarda Lileana droit dans les yeux.

« Elle n’ignore pas qui elle est… »

La jeune fille grimaça, la réponse ne lui convenait pas, son regard s’assombrit et elle regarda la jeune femme. Lorsque l’on connaissait sa mère, on ne pouvait douter, dans ce genre d’attitude, qu’elle était sa fille.

« Mais… » Commença-t-elle alors.

Son oncle l’interrompit.

« Maïlis, si tu as des questions à poser, tu les formuleras à tes parents. »

Elle fit une moue contrariée et rangea sa baguette dans sa besace. Elle soupira fortement et fit un pas en avant puis baissa la tête, faisant ne petite révérence.

« Je suis encore une fois navrée de vous avoir bousculé Mlle Kennit. » Elle connaissait à présent son nom « Au revoir. »

Elle tourna les talons et se dirigea vers l’entrée du magasin. Il était inutile de discuter et Maïlis n’avait pas pour habitude d’aller vers la confrontation, elle ne supportait pas les ambiances conflictuelles.

Elle quitta finalement la boutique, laissant son oncle seul face à Lileana. Elle n’avait aucune chance pour l’instant de tirer quelques informations intéressantes pour la compréhension de cette rencontre, ils ne parleraient pas devant elle et ils ne lui diraient rien de plus, alors, elle n’avait plus rien à faire sur place.

« Vous semblez surprise » Lança alors Glifford, une fois que la petite Maïlis fut sortie.

« Ou déçue peut-être ? » Ajouta-t-il avec une once de sarcasme qui ne lui allait pas.

Son regard bleu, identique à l’enfant, était serein malgré une once d'agacement qui se manifestait dans sa voix. Le flegme britannique certainement… son fils lui-même n’en était pas démuni et ce, en toute circonstance.

« Je n’ai jamais compris pourquoi... il est resté silencieux jusqu’à maintenant… Quelle importance cela pouvait représenter pour lui. »

Si rien ne pouvait le démontrer dans sa gestuelle et son intonation, il était furieux et bouillait intérieurement de l’injustice du passé qui restait jusqu’à ce jour terré dans les murs de Poudlard.

« Une chose est certaine... il ne restera pas silencieux si vous vous approchez d’une quelconque manière de cette enfant… »

La jeune sorcière reprit la parole et Lileana sortit de ses réflexion par la même occasion. Elle trouva la voix de l’enfant très douce, elle n’y avait pas fait attention auparavant. Elle se serait bien passée de sortir de la brume dans laquelle elle se trouvait car elle ne trouva que le regard de givre de « son » oncle.
Maïlis.. c’était donc ainsi que se prénommait SA fille. Une jolie petite poupée de porcelaine, qui ne semblait rien avoir avec le caractère qu’elle connaissait de ses parents. Peut-être n’était-elle même pas de la maison du serpent. Elle regarda ses mimiques avec un léger sourire. Elle était l’espoir qu’elle n’avait jamais pu envisager. Elle aurait pu en avoir les larmes aux yeux si elle ne s’était trouvée en présence de ce personnage aussi froid qu’une banquise en plein hiver. Elle faillit lui rendre sa révérence, mais se retint à temps, cela aurait sans doute été déplacé d’avoir des réactions joueuses et enfantines en cet instant.
Elle lui répondit avec cette douceur dans la voix de ceux à qui l’on venait de faire le plus merveilleux cadeau du monde.

« Il n’y a vraiment pas de quoi s’excuser …. (elle n’osa prononcer son prénom) Au revoir. »

Encore une fois elle se retint de sa première envie de lui dire « adieu », jugeant que cela aurait été trop sarcastique pour la situation. Elle la regarda s’éloigner et sortir du magasin avant de reporter son attention sur l’homme à l’origine de son départ.

C’est alors qu’il lui adressa des mots dénués de sens.. ou plutôt à mille lieues de la réalité. Elle regarda l’homme, interloquée. Déçue ? Comment pouvait-elle être déçue ? Elle le considéra plus avant.. comment pouvait-il comprendre. Malgré elle, elle fit une moue de dédain avant de répondre

« Si cela vous plait de le croire »

Surprise, oui.. mais agréablement surprise contrairement à ce qu’il pouvait croire. Mais ça, elle ne s’attendait pas à ce qu’il envisage cette hypothèse. A bien y réfléchir elle comprenait sa réaction. Il ne savait pas ce qu’il était advenu et du point de vue d’une personne extérieure, elle avait tout l’air d’avoir réellement voulu SA mort. Encore maintenant, alors qu’elle avait assimilé l’information, SON nom ne pouvait lui venir à l’esprit, c’était trop dur.
Ce qu’il lui apprit par la suite fut pour elle comme s’il lui avait planté un poignard dans le cœur. IL s’était tu et n’avait pas voulu qu’on la poursuive. Une vague d’émotion la submergea et elle tourna la tête vers la porte de la boutique par laquelle SON enfant était sortie, sa vue se brouillait mais aucune larme ne vint couler sur sa joue.
« Vous pensez que je suis une menace pour cette enfant »

Elle l’avait murmuré, un peu pour elle-même. Cela paraissait logique. Elle aurait sans doute réagi de la même façon.

« Je me tiendrais aussi éloignée que possible, vos menaces à peine voilées sont inutiles »

Elle travaillait au ministère dans un département que peu de sorciers allaient visiter et Maïlis était élève à Poudlard, quelles chances avaient-elles de se recroiser un jour ?
L’intérieur de sa sphère qui depuis tout à l’heure était en mouvement se figea et prit une teinte dorée. Ses idées se remettaient en place.

Son regard intense ne cillait pas. Il fixait toujours Lileana avec la même force, ne faisant fi de sa remarque à moitié révélée et de sa réponse acerbe. Toutefois, il sembla satisfait de ce qu'elle venait de formuler et un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Il était aisé de voir de qui tenait son fils pour ce petit sourire sardonique.

Hochant la tête, signifiant qu'il était appréciable de voir qu'elle avait parfaitement compris ses paroles, il fit demi-tour et se dirigea vers la porte d'entrée d'un pas lent. Son regard se posa sur Maïlis qui attendait dans la rue. La jeune fille, le regard sombre, les sourcils froncés, scrutait la porte de la boutique où ils se trouvaient encore tous les deux. Il détourna la tête et reporta son attention sur Lileana.

« Adieu Miss Kennit »

Il porta la main sur la poignée de la porte, fit pivoter le pommeau et ouvrit. Le carillon résonna, le vendeur au loin lança un vague « Au revoir ! A bientôt ! », avant que la porte ne se referme et que l'homme ne s'éloigne. Il s'approcha de la jeune fille qui l'attendait sagement, se pencha vers elle et lui murmura quelque chose. La petite fille fit un signe négatif de la tête et sembla s'objecter sans pour autant s'emporter.

Il posa un bras sur son épaule et la fit passer devant lui, puis, ils remontèrent tous deux la rue et disparurent dans la foule.

Bien qu’elle soutint son regard avec bravoure, Lileana n’en menait pas large intérieurement. Si cette confrontation durait plus longtemps, elle risquait de faire tomber entièrement sa carapace et fondre en larmes et se lancer dans un laïus sur ce qu’elle pouvait bien ressentir, ce qu’elle pouvait bien penser du personnage qu’elle avait en face d’elle et pour ça elle aurait sans doute trouver des mots très fleuris, de comment cela s’était passé, mais non, elle ne pouvait rien dire, elle ne le devait pas. Personne ne devait savoir. Le sourire qu’elle avait vu maintes et maintes fois sur SON visage venait de se dessiner sur celui de SON père ; cela ne lui allait pas.

Elle le regarda s’apprêtant à partir, il fit une halte, se retourna pour lui dire « adieu ». Si elle n’avait pas été aussi bouleversée, elle lui aurait sans doute dit « bon vent » mais elle ne lui répondit rien, la force lui manquait. Puis il sortit, la laissant seule, plantée au milieu du rayon duquel elle n’avait pas bougé depuis un bon moment.

Elle porta alors la sphère de cristal devant ses yeux. Cette couleur dorée, cette teinte si particulière, chaude et glacée en même temps, qui s’était figée dans la boule, elle ne l’avait pas revue depuis 15 ans.. Ses yeux s’embuèrent et pour la première fois depuis de si nombreuses années elle put le prononcer :

« Christopher… »

Elle était toute tremblante et ne pouvait plus réfléchir. Sa joie était depuis longtemps envolée et elle ne prit pas le temps de choisir correctement le présent qu’elle allait offrir à son ancien camarade avec qui elle allait dîner le soir même.
Elle se dirigea tel un automate vers la caisse, paya ses deux articles et sortit tout aussi hagarde, les yeux rougis, pour se rendre au ministère. Le monde n’avait pas cessé de tourner et sa mission l’attendait toujours.

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