Un froid de canard [Violette]

Amanda sortait tout juste du cours d'Histoire de la Magie et sentait ses membres encore engourdis du sommeil provoqué par la voix morne du professeur Binns. C'est pour cela qu'elle avait décidé d'aller se réveiller un peu en sortant à l'extérieur et en respirant l'air frais ... qui se révéla être vraiment très frais. En effet une fois dehors la jeune Serpentard sentit sa peau tirer et le bout de ses doigts piquer tellement il faisait froid. Ajustant son manteau, Amanda déploya son écharpe autour de ses épaules pour lui tenir bien chaud et s'avança vers le parc de Poudlard : elle était sortie, elle n'allait pas rebrousser chemin maintenant. De plus, elle imaginait les autres élèves de sa maison agglutinés devant l'âtre de la cheminée de leur salle commune, se pressant les uns contre les autres, et cela lui donnait la nausée. Non, elle ne tenait vraiment pas à assister à ce spectacle de promiscuité désolante ! Elle préférait bien se les cailler dehors.

Et c'est ainsi qu'elle marcha quelques instants dans le parc du château, seule, emmitouflée comme elle le pouvait pour avoir le moins froid possible et ne pas greloter comme une Poufsouffle.

Elle finit par s'installer entre deux arbres, à l'abri du vent, et pour une fois Amanda se sentit tranquille, sans ses camarades de dortoirs, sans personne pour la déranger en lui posant des questions stupides. Elle savoura cet instant et ne semblait pas ressentir le froid.

Violette était assise contre un arbre et se gelait les fesses dans les feuilles d'automne. Son livre pourtant ouvert face à elle, elle n'arrivait pas à se concentrer. Le froid l'empêchait de lire et elle avait l'impression que même les cils de ses yeux qui étaient pourtant la seule partie de son visage qui n'était pas engloutie sous la laine de son écharpe jaune et de son bonnet, allaient geler. Son pouce et son index, qui tenaient le bouquin, étaient malgré les gants, transis par le vent glacial. Non vraiment, quelle idée de venir lire ici en cette saison! Elle serait si bien à la bibliothèque, enfoncée dans un fauteuil douillé... Mais non. Violette avait décidé de finir son livre au parc, et elle le finirait au parc. Il ne lui restait seulement 4 pages...

Une jeune Serpentard arriva et s'installa entre l'arbe contre lequel était appuyée Violette et celui d'à côté. C'était Amanda, une camarade de classe de potion. Elle avait l'air tranquille et Violette, après l'avoir regardé un instant, s'en retourna à ses dernières pages...

Amanda ne s'était pas rendue compte du fait qu'elle n'était pas seule. Si elle avait su que ces arbres étaient déjà "occupés", elle ne se serait sans doute pas installée là. Son but ce jour-là était vraiment d'être seule et surtout pas dérangée par d'autres élèves, encore moins d'élèves d'une maison différente, qu'elle évitait de côtoyer. Ils avaient tendance à rapidement devenir "collants".

La Serpentard soupira et se plongea dans ses pensées. Son retour à Poudlard n'était pas si difficile qu'elle l'aurait cru, même si se concentrer en cours et éviter de paraître trop morose était parfois ardu. Elle ne voyait plus trop l'intérêt des cours, avait envie d'évasion, de grand air, et non de salles de classes poussiéreuses et de cours soporifiques. Elle aurait parfois aimé être à cent mille lieues d'ici.

Soudain, elle entendit un craquement dans l'arbre au-dessus d'elle. Elle leva les yeux vers les branches, de peur que quelque chose lui tombe dessus. Rien de visible n'apparaissait ... Amanda décida de se lever, au cas où, pour éviter de se prendre une branche dans la figure.

Au moment où elle s'éloignait de l'arbre, une touffe de feuilles en tombait et un second craquement, plus fort, se faisait entendre. Mais qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Amanda était partagée entre la curiosité qui la poussait à rester et l'envie de s'éloigner pour trouver un coin plus calme.

Enfermer la mort dans un flacon. Voilà une chose bien étrange qui stupéfiait toujours le jeune Button. Mais il n'arrivait pas à virer cette image de supplice de sa tête. Mains dans les poches, le nez collé à la vitre de la bibliothèque, il sentait qu'il devait bouger. Rester cloitrer dans cette pièce poussiéreuse n'était pas son truc. Il sortit sa baguette magique de sa poche, la tendit vers ses affaires et fit en sorte qu'elles soient prête de suite. Arrivant devant la grande porte du Hall d'entrée qui menait directement au Parc de Poudlard, le jeune serpentard sentit une brise légère, mais glacial, lui glacer le sang.
Il maugréa quelques mots insipides, puis enfila une grande écharpe en laine. Il n'était pas vraiment prêt à quitter les couloirs chaud de l'école, mais peut-être que ce froid pouvait le réveiller.

//Hum, il faudrait peut-être que je songe à faire des recherches sur ce talisman... enfin si s'en est un.//

Il scruta les buissons, arbres, herbes et allées de ses yeux bleus, puis marcha dans une direction inconnu. Voyant deux élèves de l'école trainer dans les parages, le jeune homme essaya de ne pas trop s'en approcher. De plus, il s'agissait d'Amanda, une fille qu'il n'appréciait que très peu pour sa malveillance et ses paroles acerbes d'une grande inutilité.

La jeune fille s'était levée à quelques mètres de là, suite à des craquements venant de l'arbre contre lequel elle s'était assises; craquements que Violette avait également entendu.
Elle glissa le marque page entre les feuilles frêles de son bouquin et regarda à son tour en direction des branches.

Soudain, appercevant une queue rousse, grise, noire, blanche et touffue se baladant dans les hauteurs, elle se souvint de Patchwork, le fameux chat appartenant à son frère et à elle même. Il l'avait accompagné dans sa balade solitaire et elle l'avait complètement oublier en lisant.
Elle se leva et s'approcha en appelant discrètement:

_Patchwork! Patchowrk, descend !

Violette jeta un coup d'oeil rapide à Amanda qui la regardait elle et les branches de l'arbre. Elle fit quelques pas et lui dit:

_Navrée, c'est mon chat! Je ne l'avais pas vu partir. T'en fais, pas, je vais (tenter de) te rendre ta tranquilité.

Elle lui adressa un timide sourire et s'avança vers le platane, bien décidée à récupérer son matou. La ridicule Serdaigle accrocha ses mains à l'écorce, tentant de gravir les quelques mètres les séparant.
Ridicule.

Amanda s'était levée au cas où cet arbre serait devenu dangereux. En effet il existait certaines légendes au sein de Poudlard, qui racontaient que lorsque Hagrid taillait les arbres du parc, il n'était pas rare que quelques élèves finissent écrabouillés. Non pas qu'Amanda y croyait ... mais on ne savait jamais ...

Elle s'aperçut alors qu'elle n'était pas seule sous cet arbre, une autre fille était assise là en train de lire. Elle ne l'avait pas vue auparavant, mais peu importait, cette fille (d'une maison inconnue, Amanda n'avait pas aperçu d'écusson) semblait elle aussi avoir entendu le bruit étrange, et vu les feuilles tomber de l'arbre.

Puis toutes deux aperçurent une queue (vraisemblablement une queue de félin) se balancer de l'arbre. Au vu de la réaction de l'inconnue, Amanda en déduit que le truc poilu lui appartenait. Gné

« Navrée, c'est mon chat ! Je ne l'avais pas vu partir. T'en fais pas, je vais (tenter de) te rendre ta tranquilité. »

Et avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche pour protester, elle put observer Violette se mettre à grimper à l'arbre.

« Tu te prends pour Candy ou quoi ? » dit-elle d'un ton sarcastique. « Tu vas surtout réussir à déchirer ton uniforme ... alors qu'il te suffirait d'attendre, il va bien finir par descendre ce chat. »

Elle aperçut alors le Serpentard de la Grande Salle, et se souvint de son comportement enjôleur avec la Poufsouffle.

« Sans compter que l'autre là-bas appréciera sûrement le spectacle en voyant ta culotte. » ajouta-t-elle.

John continua sa petite promenade bien tranquille. Il n'avait rien à faire de toute façon à part peut-être chercher des indices dans la bibliothèque sur l'épreuve qu'il devait passer en fin d'année... mais il n'avait pas vraiment la tête à ça. Le jeune homme, plongea ses mains dans ses poches, puis regarda au loin. Une jeune fille, dont Jonathan ne connaissait pas le nom venait de grimper à l'arbre où se tenait Amanda. Le serpentard avait envie de rire intérieurement, en pensant aux prochains évènements. Oui, après tout, Amanda était connu comme une fille qui respecter la dignité de sa maison, donc en toute logique elle ferait sûrement quelque chose de cruelle à cette fille.
Le jeune Button, sorti sa baguette magique de sa poche, puis commença à faire léviter quelques petits cailloux qui se trouvaient sur le chemin. Il s'ennuyait probablement beaucoup, mais exercer des petits sortilèges ne faisaient jamais de mal.
Il décida en vint de s'approcher des deux filles.

-Hey salut ! Qu'est-ce que vous faites sur cet arbre ?

Il dévisagea la camarade d'Amanda, puis un sourire malice se dessina sur son visage.

-Tient ! Amanda sans ses petits moutons ! C'est un exploit !

Il tourna son regard vers Violette puis tendit sa baguette magique vers son chat qui semblait ne plus vouloir descendre. A l'aide d'un sortilège de lévitation, il reposa le chat avec délicatesse sur le sol.

-Hum... la magie est bien plus pratique lorsqu'on galère à monter dans un arbre...

_Tu te prends pour Candy ou quoi ? Entendit Violette derrière son dos, tandis qu'elle s'efforçait de monter au tronc. Tu vas surtout réussir à déchirer ton uniforme ... alors qu'il te suffirait d'attendre, il va bien finir par descendre ce chat.

La jeune serdaigle ne tint pas compte de ce qu'elle entendait, bien decidée à récupérer son Patchwork; même si son plus vieux uniforme devait y passer, il était déjà couvert de raccommodages de toute façon.. De plus, elle ne s'était jamais prise pour Candy auparavant, c'était l'occasion! Mais elle était à présent à 50cm du sol et son vertige commençait à la gagner.

_Sans compter que l'autre là-bas appréciera sûrement le spectacle en voyant ta culotte. Ajouta Amanda.

Violette ne voyait pas de qui elle voulait parler et, entendant une voix inconnue:

_Hey salut ! Qu'est-ce que vous faites sur cet arbre ?

La pauvre Wombats lacha prise et s'étalla dans l'herbe de surprise, tandis que les deux Serpentards se lançaient des répliques sartastiques. Soudain, en levant les yeux, Violette vit Patchwork descendre tranquillement dans les airs, puis se poser sur le sol à ses côtés. Elle le prit dans ses bras et se retourna pour découvrir l'identité du sorcier qui avait fait ça.

-Hum... la magie est bien plus pratique lorsqu'on galère à monter dans un arbre...

Elle éclata de rire, se releva, et le remercia:

_Dommage, j'étais presque en train de combattre mon vertige. Bref, merci en tout cas! Et Amanda, j'espère qu'il n'est pas trop tard pour te rendre ton arbre! En attendant, Patchwork et moi, on va vous laisser, avant qu'il ne s'échappe à nouveau.

A le voir s'amuser avec de simples cailloux, n'importe qui aurait pu déduire que le Serpentard qui s'approchait d'Amanda et de Violette n'était pas sain d'esprit. Amanda se doutait qu'il finirait par s'approcher d'elles, il ne pouvait pas s'empêcher de se mêler de ce qui ne le regardait pas apparemment. Et il ne manqua pas d'arriver avec un faux air narquois.

Une phrase d'approche toute faite, une réplique bidon (destinée à la heurter ?) et le voilà qui venait faire une démonstration de son talent à Violette en faisant voler le pauvre chat jusqu'au sol. Comme si un chat pouvait apprécier le voyage !

« Qui sont mes moutons ? C'est toi qui me suit partout. » lui fit-elle remarquer.

Violette semblait impressionnée et même reconnaissante (!), peut-être même excessivement, puisqu'elle éclata de rire. Qu'y avait-il de drôle dans ce qui venait de se produire ? Amanda n'était peut-être pas très douée en relations humaines, mais savait quand même apprécier le burlesque d'une situation, et un élève qui faisait descendre un chat d'un arbre en conseillant d'utiliser la magie, ça n'était pas drôle. Mais il fallait admettre que les Serpentard avaient très certainement un humour différent de celui des autres. Les vrais Serpentard tout du moins.

« Merci bien, mais je crois que je vais y aller », dit-elle en jetant un oeil à Jonathan.

L'air commençait à devenir pollué par ici.

» Un froid de canard....