D'incident en coïncidences[fini]

[suite de Grand-mère sait faire un bon café! ]


Charlie avait donc suivi Roban, comme il l'avait invitée à le faire, jusqu'au dehors. Leurs pas les portèrent plus ou moins intentionnellement vers la volière. Roban s'était dit en chemin qu'il serait de bon ton de répondre à sa soeur, sans quoi elle le harcèlerait.
Son hermine sur l'épaule, Roban avançait les mains dans les poches de son pantalon aux côté de Charlie, silencieux pendant quelques minutes. Enfin, il sortit un papier de son sac, un stylo bic et se tourna vers Charlie.
"ça t'ennuie si je t'emprunte ton dos deux minutes ?"
sans réellement attendre de réponse, il se plaça derrière elle et colla son papier sur son dos pour griffoner sa missive. Son embarras s'était envolé, voilà que Roban abordait la jeune fille comme s'ils avaient joué ensemble depuis leur plus jeune âge.

Citation :

"Salut M'man, les filles, salut Frank !

Isy je pourrai pas écouter ton cd mais je suis sûr que tu chantes bien comme d'habitude. N'oubliez pas de me prévenir dès que le bébé sera là ! Tout va bien à l'école. A bientôt. Rob'"

Rapide mais efficace, en même temps, Charlie n'allait pas jouer les bureaux indéfiniement.

"Et voilà, merci beaucoup Cha! J'espère que Monsieur Sombre est de retour à la volière ! Tu as un hibou, toi, ou un animal ?! J'avoue que je pourrai pas vivre sans..."

Il reprit son chemin, se retournant pour voir si la jeune fille suivait bien.

En entrant dans la voilière, Charlie et Roban refermèrent leur col et renouèrent leur écharpe car il faisait très froid. Bien plus froid que quelque instants auparavent! Plus froid qu'en automne.. Un froid d'hiver. *Un froid à porter le bonnet de laine grise* se dit Charlie dans un sourire.
Elle se sentait bien dans cet endroit. Elle y avait écrit des centaines de lettres à ses parents, ses grands parents, Miranda ou encore ses amoureux du passé..
Une vague de nostalgie débarqua dans son âme et y resta un moment.. Cette fenêtre où elle s'asseyait.. Ce perchoir où elle déposait toujours son encre.. Il fallait qu'elle écrive à son grand père pour lui parler de tout ça. Bientôt...
Jusqu'à ce que Roban brise le silence qui s'était installé.
Quand le serpentard se placa derrière elle pour écrire sa lettre, elle sentit sa paume de main ainsi que le gratemment de sa plume sur son dos. Elle dit:
_J'ai une souris, un chat et un hiboux aussi. Mais le hiboux est resté chez moi pour le trimestre, il ne se sentait pas bien..
Elle pensa à lui et.. Oui! Il lui manquait vraiment! Quelle merveille ce hiboux..

Roban avait rapidement appelé Monsieur Sombre, et ce dernier avait volé jusqu'à lui. Après lui avoir attaché le mot comme il le fallait, après qu'il l'ait flatté et récompensé d'une gourmandise pour hibou dont Roban avait le secret, il se retourna vers Charlie.
Ses yeux s'étaient un instant perdus dans le vague, elle était songeuse. Sur les lèvres de Roban s'étira une moue intriguée. Son hibou, malade ? Autre chose ? Malheureusement pour la poufsouffle Roban était curieux.
"Qu'y a-t-il ? Est ce pour ton hibou que tu t'en fais ? Peut être devrais-tu le faire revenir, je suis assez doué avec les bêtes et je pourrais sûrement l'aider !"
Roban repensa avec amusement à la fois où Monsieur Sombre lui même était tombé malade. Durant plusieurs nuits, il était resté à son chevet, à même la pierre sale et froide de la volière où il avait réussi à s'infiltrer près le couvre-feu.
Serpentard avait perdu un paquet de points et Roban s'était fait coincé dans un cachot par des Serpentard de dernières années pour une correction dont il se souvenait encore, mais, l'essentiel fut que Monsieur Sombre fut tiré rapidement d'affaire.
Il se rapprocha de la jeune fille.
"Ce ne sont pas juste des animaux. Ils sont liés à nous. J'en suis persuadé, la magie qui coule dans nos veines réside en eux également, il ne faut jamais nous séparer d'eux..."
Oui, il y avait des moments où Roban était serieux, ces moments où il parlait de sa passion, la seule chose qui pour lui avait un sens, et surtout aucun secret pour lui.

_Je te remercie mais je vais bientôt le récupérer. Mon père s'en est occupé.
Charlie aimait les animaux mais comme ce n'était pas sa passion contrèrement à son ami, elle voulut mettre fin à la conversation. Avant même qu'elle ne puisse changer de sujet, il ajouta, les yeux pétillants:
_Ce ne sont pas juste des animaux. Ils sont liés à nous. J'en suis persuadé, la magie qui coule dans nos veines réside en eux également, il ne faut jamais nous séparer d'eux...
_Ouais.. Répondit elle. Je sais pas trop quoi en penser... C'est agréable comme compagnie, je les aimes beaucoup.
Elle ne voulait pas le vexer, sachant que c'était sa passion mais son hiboux lui manquait et ça lui déplaisait d'en parler. Elle lui sourit alors et lui demanda avec curiosité s'il avait beaucoup d'ami(e)s à Poudlard. *Question con* se dit elle.. Mais après tout, cela l'interessait peut être.. Curieuse ou future jalouse, mais tout ça ne voudrait rien dire?!

Roban s'était dirigé vers la sortie, regardant son hibou s'envoler, et bientôt disparaître de l'horizon. Il était vraiment rapide ! Le vent soufflait dehors mais à défaut de lui donner froid, cela lui donnait plutôt des ailes, et pendant qu'il sautait sur la margelle de pierre qui bordait le chemin jusqu'à l'entrée de la volière qu'il entendit sa camarade. Il hocha la tête quand elle lui assura que son hibou allait bien, il haussa les épaules en souriant, se balançant d'un pied à l'autre...

"Chacun sa façon de voir les choses, mes familiers sont ma force, d'autres ce sera les livres, la bibliothèque, une potion, leur baguette, ou même un balais, que sais-je encore ?!"

A ces mots, il ne put se contrôler et d'un geste agile sauta en avant sur la margelle pour se retrouver sur les mains, la tête en bas, il fit quelques pas dans cette position et sauta en avant pour se retrouver le contact de ses pieds au sol au moyen d'une pirouette.
Il frotta ses mains pour en ôter les gravillons.

"Des amis ? Humpfff...." s'exclaffa-t-il. "Ouais, ouais... j'ai pas mal de connaissances, ici... les gens de ma maison me sautent régulièrement dessus, tant ils m'adorent....!" C'était ironique mais non pas pour se moquer de Charlie, se moquer de sa propre situation, oui, cela l'aidait à dédramatiser. "Jme plais bien ici quand même, on peut dire que l'environnement est sympa !"

Et le revoilà à sauter sur la margelle de l'autre coté.

"Et toi Miss Foundly ? J'espère que trainer avec un serpentard va pas faire chuter ta popularité !"

Ils sortirent de la voilière et descendirent les marches gelés. Regardant le ciel blanc, les arbres secoués de bourrafes de vent, elle aurait voulut s'envoler au dessus des nuages. Bien au dessus de tout ça, comme un flocon volant en sens inverse.. Le monde à l'envers, la tête en bas.. Sentant l'ironie et la lourdeté de la réponse de son ami, elle lui confia qu'elle trouvait en effet certains serpentards plutôt froids mais qu'elle n'avait finalement, rien contre eux.
_Quelle popularité? Rigola t elle. Je n'en ai pas.. Et même si j'en avais, peu m'importerait que les autres n'apprécie pas ta présence avec moi. Sa voix chagea.. J'aime ta présence...
Le vent changea lui aussi, comme s'il l'avait entendue.

Charlie sourit d'un air absent. Les garçons la surprendraient toujours.. Elle soupira:
_Surement..
Puis, comme tirée d'un sommeil profond elle secoua légèrement la tête, faisant virevoleter ses cheveux légers, et lui sourit. Dans sa tête elle se disait pourtant *Maintenant, je ne montrerai plus rien, s'il veut agir, qu'il le fasse..*
Le vent se levait et soulevait l'herbe et les arbres de grosses bourrasques. Charlie s'attacha donc les cheveux pour éviter d'en être aveuglée. Roban, marchant douloureusement à côté d'elle.

*Non mais !*

*Maaaais euh ! Bobo !*

Roban avait carrément suivi des yeux Charlie qui, plus distraite encore que lui, se contentait d'éprouver le vent jouant dans ses cheveux, regardant de droite à gauche, pour répondre évasivement alors qu'il venait de manquer de se rompre les os en tentant une pirouette super périlleuse ! Nan mais sans blague !

Roban réalisait-il vraiment qu'il venait tout simplement de glisser et de se casser légèrement la figure, à force de faire le pitre et que de toute façon il passait ses journées à cela, et que par voies de conséquences plus personne n'en était étonné, et encore moins alarmé ?
Hum... la réponse était évidente... Non !
*C'est moi qui suis censé avoir l'air d'un rêveur insouciant nourri par le vent de la nature normalement !*

Elle était en train d'attacher sa longue chevelure quand Roban arriva à sa hauteur, il se tenait le dos, son visage exagérément crispé.
En réalité, il n'avait plus vraiment mal. C'était sur le coup que la peau avait été légèrement irritée mais il avait tant l'habitude que dorénavant cette sensation passait vite. Pas grave.
Il souffla et, ses yeux fermés il leva le visage vers le ciel. Le serpentard usait de tous ses plus fins atouts pour avoir l'air d'un brave guerrier supportant une douleur intense à souhait !

Et soudain, oui soudain... et pourtant comme souvent, Stinson se mit à agir sans réfléchir, juste comme les informations arrivaient à son cerveau sans avoir été traitées, triées... autant dire qu'il allait regretter son geste dans les dix prochaines secondes.
Trop tard...

"Charlie ! s'il te plait ! arrête toi deux secondes !" lui intima-t-il d'une voix grave.
Et déjà le voilà qui avait ôté sa cape, jetée à terre et retourné pour lui montrer son dos; Bien sûr il avait relevé sa chemise, et la tête contorsionnée au maximum pour voir lui même ce qu'il essayait d'indiquer de sa main avançant à l'aveugle dans son dos.
Sans doute l'objet de son étude étaient les trois griffures légèrement rouges qui se laissaient voir au bas de son dos.
"Tu veux bien regarder si ce n'est pas trop grave ?!"

Voilà... un frisson le secoua légèrement. Roban regrettait immanquablement son geste.

Charlie se recula d'un pas, le visage frappé par la surprise! *Ca pour un acte, c'est un acte!* Elle rit alors de bon coeur et s'approcha de lui. Son dos musclé avait quelques marques rouges qui le traversait ainsi qu'une griffure pas méchante sur l'omoplate droite. Charlie caressa les blessures du bout de sa main raffraichit par le froid. Le contact avec la peau agréablement chaude de Roban la fit parcourir d'un frisson le long de sa colone vertebrale. Elle sourit et lui dit d'un air moqueur, imaginant la tête de son ami devenu écarlate:
_Ca va mieux Roby?
Elle éclata de rire en lui rendant sa chemise!

*Aaaah ! Non ça va pas mieux c'est pire!!!* songea-t-il en se maudissant sur cent générations. Non mais était-il fou ? Ou bien carrément maso ? Oui, il lui arrivait de temps en temps de se poser la question.
Le contact des mains *gelées* de la jeune fille sur sa peau fut tel un choc electrique. Et le pire ! Le pire le pire ! C'est que cela ne fut pas désagréable. Terriblement effrayant, gênant, offusquant, mais PAS désagréable. Il s'imaginait sans doute qu'elle allait se contenter de regarder de loin, et de le plaindre peut être même de lui demander d'aller à l'infirmerie, inquiète, et là il aurait décliner l'offre en bombant le torse pour montrer combien il était courageux. Et bah... NON !
*Coeur d'artichaud ! Débile ! Sinistre crétin !* se dit il encore en priant pour que Charlie ne soit pas legilimens en prime et qu'il soit définitivement déshonoré !
Il avait bien froid... non plutôt chaud. Ouhla la oui terriblement chaud. Non froid !
Il l'entendit rire tandis qu'il se retournait d'un mouvement brusque, réajustait sa chemise dans les bords de son pantalon et ramassait sa cape pour la jeter sur son dos et fermer d'un mouvement décidé son attache représentant le kraken argenté.
"Ava mieux... merci." murmura-t-il en se trouvant une fascinante passion pour l'herbe plantée dans le sol.
*Oh une coccinelle, à cette époque, tiens donc... hum !*
Les mains dans les poches il releva finalement les yeux. Le visage de Charlie était illuminé du rire qui l'avait traversé. Ben... au moins. C'était ça.
*Non mais quand même !*
Un frisson le parcourut encore au souvenir des mains de la jeune fille sur son corps.
*STOP!*
"On devrait aller en cours, tu crois pas ? Sinon le prof de popo va nous cuisiner dans son chaudron, et me servir à déjeuner aux autres serpentard !"
Puis Roban entama la marche de retour vers le château.

Charlie le regardait, ravie! Elle espérait qu'il avait eu la même sensation qu'elle... *Eh! Oh! Dis donc, espèce de perverse, controle tes pensés mal placées!*
Mais un dernier sourire apparut sur son visage, un sourire de ravissement total en ce souvenir.. Lorsqu'il dit d'une voix instable qu'il allait mieux, elle sourit d'autant plus et répondit:
_Tant mieux alors!
Puis, elle se dit qu'après tout, comme elle avait écrit à son grand père, elle était une fonceuse et qu'elle n'avait jamais hésité à faire quoi que ce soit! Ainsi donc, quand Roban ramassa sa chemise et la boutonna sur son torse, elle prit sa cape et la lui enfila. *Quelle dragueuse tu fais ma vieille, tu en es presque ridicule*! Ils se retrouvèrent souffle contre souffle et elle passa ses mains autour du cou du jeune garçon embarassé. Il attacha d'un mouvement décidé son attache et regarda ses pieds. Au bout d'un moment, il sortit platement:
_On devrait aller en cours, tu crois pas ? Sinon le prof de popo va nous cuisiner dans son chaudron, et me servir à déjeuner aux autres serpentard !
Elle lui adressa un grand sourire et répondit joyeusement à cette idée:
_Oh génial! J'adore les courts de potion, pas toi? Je pense même que c'est ma matière préférée!
Ils marchèrent alors gaiement en direction du chateau.

Roban avait calé son pas sur celui de Charlie, bien qu'il laissait ses mains vissées dans ses poches, un fin sourire s'étirait sur ses lèvres. Une trop courte nuit, un réveil en tempête, mais une journée qui ne commençait pas si mal.
"Les potions, oh oui, j'aime bien, c'est tranquille, faut avoir peur de se salir les mains, et tu fais ta sauce dans ton p'tit chaudron dans ton coin, pis c'est facile de pourrir les potions des autres sans se faire remarquer ! Tout ce que j'aime !"
Bientôt les contours du château se dessinèrent devant eux, et se rapprochèrent.
Roban s'arrêta non loin de l'entrée, et se tourna vers Charlie.
"Je dois aller me changer, j'ai encore des traces de citrouilles et des marques de sang un peu partout je suis sûr. Preuve de ma bravoure, certes, mais bon... pis faut que je prenne mes affaires, ma p'tite louche, mes p'tits crayons tout ça. Enfermer mes animaux dans le dortoir aussi, ils peuvent pas venir en potions, on pourrait les utiliser comme ingrédients ! On se voit en cours !" avait-il lâché en toute simplicité.
Puis il s'était dirigé vers la porte, remettant sa cravatte verte & argent autour de son cou.
"Oh ! J'allais oublier. Attention à toi, maintenant, Charlie. Etre dans la liste d'amis de Roban Stinson n'est pas de tout repos ! A toute à l'heure !"
Avant de disparaître derrière la porte en direction des cachots, il adressa à la poufsouffle un petit clin d'oeil.
Et bien qu'il donnait l'impression d'être sûr et fier de lui, Roban se demandait tout en descendant dans les couloirs de Poudlard, si lui aussi n'était pas concerné par son "avertissement". Être copain avec une fille devenait bien plus compliqué que cela ne l'était autrefois.

_Je ferai attention, ne t'en fais pas!
Elle lui sourit amicalement et se retourna précipitement! Elle courut jusqu'à sa salle commune, montant quatre à quatre les escaliers tournant qui l'en séparé! Elle traversa plusieurs couloirs à la hate en se rendant compte qu'elle allait vraiment être en retard à ses cours. Elle déboula dans la salle commune, monta l'escalier menant au dortoir et se jeta sur son lit. Elle ferma les yeux et se dit qu'après tout, elle avait peut être le temps.. Et si ce n'était pas le cas, tant pis pour elle, elle resterais.. Elle prit son cahier vert, traca quelque traits à la plume.

(terminé .)